Le second cabinet turc du comte d'artois a versailles
Charles Philippe comte d’Artois (1757-1836 ; ill. 1), le frère cadet de Louis XVI, était féru de turquerie. Il commanda trois cabinets turcs, deux pour ses appartements à Versailles en 1774 et 1781, et un autre pour le palais du Temple a Paris en 1776 [i].
Les seuls éléments de ces pièces qui ont survécu jusqu’à nos jours sont des meubles pour son cabinet parisien et des chandeliers pour son second cabinet versaillais, tous conservés au Louvre [ii], ainsi que huit panneaux de ce dernier cabinet : deux sont au Musée Metropolitan de New York et six ont été récemment déposés au département des objets d’art du Louvre par l’administration du château de Versailles [iii] (ill. 2-5). Ces panneaux sont peints à l’huile sur bois de chêne et on pense qu’ils décoraient une série de portes (ill. 6). Quatre d’entre eux font 81 cm de hauteur et 60 cm de largeur, les autres ont la même largeur mais ils font 70 cm de hauteur [iv]. Le Louvre a trois panneaux de chaque taille, le Metropolitan en a un des plus hauts et un des moins hauts.
Tous les panneaux sont décorés avec des arabesques, qui fusionnent des ornements végétaux et des figures [v]. Comme dans d’autres décorations à arabesques de la même époque, la composition est construite autour d’éléments végétaux, qui auraient crée un effet d’illusion quand les panneaux étaient sur place, en faisant paraître l’espace qu’ils ornaient comme une structure de jardin vue de l’intérieur – une sorte de gloriette de treillage couvert de plantes savamment disposées [vi]. Les personnages rajoutent d’autres dimensions : d’une part, des figures qui évoquent des nymphes ou des sirènes apportent une touche d’érotisme, toujours très léger, car elles ne font recours qu’à des poses gracieuses et à une nudité idéalisée pour l’exprimer, et qu’elles gardent une certaine distance grâce à leurs vagues connotations mythologiques; d’autre part, de petits enfants grassouillets font des mouvements comiques à moitié entre la danse et la