Le sentiment d'injustice autorise-t-il le recours à l'illégalité ?
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Introduction
Le sentiment d’injustice est un phénomène à prendre en considération car c’est par lui que nous découvrons la nécessité de son contraire. En effet,
© Hatier 2007
LA JUSTICE ET LE DROIT • SUJET
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1. Nature et intérêt du sentiment
A. La plainte Le sentiment d’injustice est une donnée importante de l’expérience humaine. Il s’exprime dans des textes très anciens. Les Travaux et les Jours d’Hésiode, au VIIe siècle avant Jésus-Christ, expriment la plainte de l’homme victime des rois corrompus, « mangeurs de présents », qui rendent des jugements iniques. Dans la Bible, des prophètes juifs clament leur colère en voyant les riches mépriser les pauvres et les puissants écraser les faibles. La plainte de la conscience blessée par le spectacle de l’injustice a une double valeur. Elle exprime une souffrance et elle accuse en son nom. Le droit en a conservé la trace. Nous portons plainte quand nous estimons subir un dommage. Les tribunaux prennent alors notre cas en charge, mais la naissance du processus n’est pas juridique. Il provient d’un sentiment d’indignation et de révolte. B. Les situations injustes La perception de l’injustice est celle d’un inégalité criante. Toute inégalité n’est pas injuste. Certaines obéissent à une règle de proportionnalité. Nous ne sommes pas forcément choqués que certains aient un salaire supérieur à d’autres, mais le cas des « parachutes dorés » nous indigne. L’injustice est donc synonyme de disproportion ou d’une différence que rien ne vient fonder. On parle alors de discrimination. Lorsqu’un emploi est refusé à une personne sur la seule base de son accent ou de son nom de famille, nous percevons nettement l’existence d’une injustice quelles que soient nos connaissances en matière juridique. Le cas récurrent des personnes sans abri montre bien que les moyens d’accéder à un logement décent ne sont pas