Le sida au cinéma
Depuis sa création, le cinéma constitue un miroir de nos sociétés et contribue également à la construction de l’identité et des rapports sociaux entre sexe. Les films diffusent certaines images qui influencent inconsciemment notre opinion sur des phénomènes sociaux notamment envers les homosexuels. Cela concerne aussi bien l’image qu’ont les hétérosexuels des homosexuels que celle que possèdent ces derniers d’eux-mêmes. Selon le film-documentaire The Celluloid closet de Epstein et Friedman, 1995 : «C'est Hollywood, ce grand créateur de mythes, qui a enseigné aux hétérosexuels ce qu'ils devaient penser de l'homosexualité et aux gais et lesbiennes ce qu'ils devaient penser d'eux-mêmes », notamment par un phénomène de transfert mimétique et la satisfaction d’un besoin de reconnaissance et d’appartenance. L’homosexualité bouleverse les rapports sociaux inter-genres (entre hommes, entre femmes) et extra-genres (entre hommes et femmes) en ajoutant au découpage biologique du genre celui de la préférence sexuelle (d’homme hétérosexuel à homme homosexuel, femme hétérosexuelle et femme homosexuelle, à plusieurs, etc.) Le constat de cette complexification des rapports sociaux de sexe impliquée par ces multiples combinaisons est-il représenté dans le cinéma français ? L’ambiguïté y a-t-elle sa place ? Comment le cinéma français aborde-t-il les réalités sociales que sont l’homosexualité et les homosexuels ? Finalement les homosexuels se reconnaissent-ils dans ce que l’on prétend être un miroir (i.e. le cinéma) ? Ces multiples questions ne posent finalement que la double question du regard, celui du cinéaste qui donne à voir et celui du spectateur qui regarde. Nous verrons comment l’homosexualité et plus particulièrement la maladie due au virus du sida est représentée dans le cinéma français des années 1990. Ainsi, nous concentrerons notre réflexion sur les films Les nuits fauves de Cyril Collard (1993) et Drôle de Félix