Le sida
Marc-Éric Gruénais
Le 1er janvier 1996 naissait officiellement la nouvelle agence des
Nations Unies vouée à la lutte contre le sida, ONUSIDA, ce qui ponctuait par là-même des changements importants — déjà engagés mais surtout à venir — des dispositifs internationaux et nationaux d e lutte contre la maladie. La création d’ONUSIDA intervient
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dans u n contexte politique et économique en Afrique où l’émergence de la démocratie 3 est censée rimer avec la privatisation d’entreprises publiques et la libéralisation des marchés, la décentralisation, le développement de la société civile, en résumé, avec un État prié de se faire moins présent. La morphologie actuelle des systèmes de santé, e n général, et des dispositifs de lutte contre le sida en particulier, sont pris dans cette dynamique dessinée tant par les nouveaux contextes politiques nationaux que par les nouvelles règles de l’économie politique internationale. Or, toute modification importante — toute “accéléra- 1
Cette réflexion s’inscrit dans le cadre du projet de recherche “Organiser la lutte contre le sida en Afrique. Une étude comparative sur les rapports État/société civile”, soutenu par l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida (ANRS). Ce texte a été écrit en 1 9 9 6 alors qu’ONUSIDA venait d’être créé et que le Congo, dont le cas est ici largement évoqué, était encore un pays en paix. Depuis, ONUSIDA a pris toute sa place dans l’espace des agences d’aide multilatérales, et le Congo, avec la guerre civile de 1997 qui aurait fait 10 000 morts, doit surtout faire face à l’urgence humanitaire. Cependant, même si certaines données peuvent paraître un peu datées de ce fait, la