le sociologue pris en sandwich
Le sociologue pris en sandwich !
Retour sur une observation participante dans un fast-food
Damien Cartron (*)
Dans un précédent article (BURNOD, CARTRON et al., 2000), nous décrivions les conditions de travail des salariés de la restauration rapide (cf. encadré 1).
Nous proposons dans celui-ci de comprendre, à partir des réactions de l’enquêteur, l’organisation du travail au McDonald’s. En étudiant le travail de l’observateur nous pouvons rendre compte de la force de l’organisation du travail dans les fast-foods, et son efficacité à obtenir l’engagement des équipiers dans ce travail.
Travailler dans un fast-food, qu’on soit équipier ou observateur, est une mise à l’épreuve. Celle-ci est d’autant plus douloureuse que l’observateur ne se doute pas des difficultés pour atteindre le niveau attendu de lui. Observer les conditions de travail dans un emploi « non qualifié » (1) c’est aussi se rendre compte de la difficulté à tenir ces postes déqualifiés. Je m’étais fait embaucher chez
Mc Donald’s sans révéler ma qualité de sociologue et j’ai dû travailler comme n’importe quel équipier qui souhaite conserver son emploi. Mener une telle observation participante masquée dans un fast-food entraîne très rapidement un engagement de soi dans l’action qui empêche la réflexivité. Cette absence de réflexivité qui pourrait, a priori, passer pour un obstacle à l’impartialité de la démarche scientifique se révèle au contraire être un atout pour comprendre l’engagement « paradoxal (2) » des équipiers dans le jeu productif.
Le ton de ce papier, qu’on pourra juger parfois léger ou ironique, reprend volontairement la mise à distance que les équipiers imposent à ce « petit boulot » qu’ils refusent de voir comme leur travail (3).
Pour l’observateur aussi ce « petit boulot » n’est pas son travail, mais son terrain d’observation. La mise à distance de cet emploi par l’observateur est sans doute assez comparable à celle des étudiants dans le
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