Se souvenir de ce jour là . L’exorciser en quelque sorte . Ou plutôt l’oublier . Contredire les contradictions . Etre dure tout en désirant oublier l’aspect malsain de la chose . Me rappeler de la journée qui précède « ça » . Car le « ça » est une chose à laquelle l’on ne peut attribuer un mot , une expression . « ça » est la chose que l’on souhaite envers autrui si différent soit il de nous . « ça » est la chose qui passe à côté de chacun , qui frôle , s’en va et pénètre en nous le jour arrivé . « ça » est un sentiment désagréable , qui remet en cause la place de l’homme dans l’univers , la place de la nature et ses droits , la place de la religion , la place du jugement humain parfois trop sévère , parfois trop naïf . « ça » renvoie l’humanité à l’humanité tout en la contournant . La mort , bien sûr . Pourquoi les textes les plus beaux parlent ils de la mort ? Suis-je en train de dire que mon texte est beau ? Bravo . En plus d’écrire un texte parfaitement ennuyeux , tu t’envoie des fleurs pour te convaincre que ce que tu fais n’est pas inutile . Tu crois qu’en écrivant , elle reviendra ? Tu crois qu’écrire répondra à toutes tes questions , que le fait de confesser ton égocentrisme ne t’y renverra pas forcément dans quelques années ? Avançons . Imaginons la suite . Tu iras te coucher en regrettant d’avoir écris ce tas de n’importe quoi qui t’empêchera plus de dormir qu’il ne t’empêcheras de penser . Mais tu sais que tu y penseras . Et tu redoutes l’instant où commençant à t’assoupir tu entendras ce cri , ces paroles , et tu verras ces cartouches de cigarettes , ces regards qui ne soutiennent pas les tiens. Tu repenseras à cet espoir tout à fait égoïste . Tu penseras à la dernière fois que tu l’as vu . Oui, quand tu as joué le rôle de la gamine capricieuse qui ne veux pas bouger de ce rocher parce qu’elle a mal aux pieds, qu’elle a des ampoules , qu’elle a faim, qu’elle est fatiguée et qu’en voyant le regard suppliant de sa sœur , elle n’est capable que de lui