Le spectacle comique
b) L'histoire du président Grandmorin est très simplifiée. Aucun arrière-plan politique [Renoir n'aurait pas pu mettre en cause le pouvoir en 1938, alors qu'en France il y a un gouvernement de Front Populaire, dont Renoir est proche, et qui est censé représenter les travailleurs : rien à voir avec le Second Empire] ; du coup, le personnage de Camy-Lamotte devient inutile, seul son nom est gardé pour un figurant, secrétaire de Grandmorin. Aucun arrière-plan de querelles d'héritage ou de conflits d'ambitions bourgeoises, le film entier est dans un univers interne à la SNCF [autre détail d'époque : dans les compartiments, l'inscription "Etat", il ne s'agit plus d'une compagnie privée].
c) De ce fait, disparaît totalement le "roman judiciaire" de Zola : le juge reste ici un magistrat un peu bêta, vite satisfait d'arrêter le malheureux Cabuche,et la complexité des jeux de l'enquête, entre intérêts d'Etat et désir de vérité, n'a plus lieu d'être.
e) L'Histoire a disparu comme la politique, il n'y a pas d'arrière-plan au récit, le monde cheminot est sans contexte, alors que le roman de Zola donne une vision apocalyptique de l'univers qui entoure ce monde : on est à la fin d'un régime corrompu dirigé par une classe dirigeante perverse et à la veille d'une guerre, dont le lecteur sait qu'elle se soldera par une défaite.[absence de conscience historique chez Renoir (cf. note) : le film sort en 1938, le Front Populaire est déjà bloqué, la guerre civile tourne mal en Espagne, Hitler avance ses pions à Munich, la III° République s'effondrera un an plus tard et la défaite sera de nouveau au rendez-vous, beaucoup plus grave que celle de 1840 !]
e)