Le statut de l'armée dans les institutions
L'Armée moderne naît avec la Révolution Française, en rupture avec celle d'Ancien Régime. Rupture intense, avec un passage très rapide d’une armée où le grade s'achète, où le métier des armes se réserve à une aristocratie, où l’on recoure encore massivement aux mercenaires, à une armée nationale, patriote, populaire. L’armée d’ancien régime n’est professionnelle que pour quelques régiments particuliers. Ses officiers ne connaissent pas leurs troupes, les études militaires restent fragmentaires et souvent réservées aux officiers de troupes. Il n’y a donc pas de statut réel pour l’armée, divisée entre propriété, offices, engagements saisoniers ou achat de mercenaires. La Convention doit, assez tôt, se poser la question de ce que doit devenir la force armée : un mal nécessaire, car le gouvernement publique ne peut se passer d’une force, mais aussi un mal dangereux à laquelle la Convention répond par la Garde Nationale, « soulèvement du peuple en armes », qui préfigure une forme de conscription. Robespierre, dans un discours d’Avril 1791, résume la constitution de cette garde nationale en deux objets : la première est que le pouvoir exécutif ne doit pouvoir tourner l’armée contre le peuple ; la seconde, que l’armée ne puisse agir d’elle-même pour opprimer la liberté du peuple et le pouvoir légal. Depuis, beaucoup d’autres questions se sont posées. Quelle discipline adopter, quelles libertés politiques, quelle place pour l’Armée dans les pratiques républicaines ? Quelle place pour les militaires dans la Nation ? Qu’est-ce qu’est l’Armée de la République, quels droits peut-elle réclamer dans la gestion de cette République ?
L’Armée Française actuelle rassemble un ensemble de 4 armes (Terre, Air, Marine, gendarmerie) ainsi que du personnel civil et militaire nécessaire à la coordination de ces armes. Ses statuts sont rassemblés dans un Code de la Défense, la Constitution se chargeant uniquement de définir qui dispose de la