Considéré par bon nombre d’écrivains dont notamment Raymond Aron (cf. Les Etapes de la pensée sociologique), comme un sociologue accompli dont la rigueur scientifique du raisonnement n’a rien à envier aux mathématiques, Emile Durkheim est principalement connu du grand public pour son ouvrage Le Suicide. Bien qu’ancien, ce livre n’en demeure pas moins intéressant pour ce qu’il représente comme tentative de catégoriser les différents cas de suicides. Durkheim met d’emblée l’accent sur deux facteurs essentiels qui selon lui, conduisent un individu à mettre fin à ses jours. D’un côté, il évoque les facteurs extra sociaux autrement dit les caractéristiques intrinsèques de tout un chacun liées entre autres, au poids de l’hérédité et à ce que l’auteur appelle l’état psychopathique. De l’autre côté, il dépeint les facteurs sociaux conduisant au suicide en insistant tout particulièrement sur le volet confessionnel. En effet, il remarque, statistiques à l’appui, que les catholiques sont moins enclins au suicide que les protestants. En guise de synthèse, Durkheim note bien que ce sont les facteurs sociaux qui l’emportent dans la décision de se suicider, l’individu se sentant opprimé et esclave d’une société qui obéit à des codes de conduite aussi bien tacites qu’explicites. Est-ce à dire que l’homme devrait faire sienne la philosophie de Rousseau du mythe du bon sauvage et opter pour un retour aux sources, le condamnant à vivre du fruit de la chasse et de la cueillette ? Vous-mêmes chers lecteurs, êtes-vous prêts à abandonner le confort de votre nid douillet pour vivre ou devrais-je dire, essayer de survivre dans une sombre grotte perchée au sommet d’une montagne où il ne fait pas bon côtoyer les ours ? Pourriez-vous troquer votre confort quotidien contre l’assurance de ne jamais être tentés de vous suicider un jour ? Telle est la question…