Le symbolisme
I°) HISTOIRE DU SYMBOLISME
A°) Le symbolisme et les approches possibles du phénomène
Tout d'abord, une distinction est à opérer entre d'une part l'école littéraire symboliste (couvrant une période qui va de la rédaction du manifeste du symbolisme de Jean Moréas en 1886 jusqu'au milieu des années 1890) et d'autre part un vaste mouvement qui va se développer dans tous les arts (que ce soit en musique avec Ravel, Debussy et Fauré ; en peinture avec Moreau, Gauguin et Münch ; au théâtre, notamment avec Maeterlinck). Afin d'appréhender le phénomène symboliste trois modalités de lecture sont possibles. Tout d'abord une lecture de l'histoire : le symbolisme s'insère en effet dans un processus de réaction contre les présupposés artistiques des courants littéraires dominants qui le précèdent (que ce soit le mouvement parnassien ou naturaliste). Une lecture de l'imaginaire est également envisageable. En effet, une époque est perpétuellement baignée par un vaste champ de savoirs qui imprègnent dans une période tout un imaginaire collectif (l'épistémè foucaldienne). La primauté du sujet et la question de la subjectivité (centrale dans le rapport à l'être pour les symbolistes) trouvent des échos aussi bien dans des travaux touchant à la médecine (avec Freud) ou en philosophie (avec Bergson). Enfin, une troisième lecture se concentrant plus spécifiquement sur les formes de l'écriture permet un autre accès possible à ce mouvement. Le symbolisme est avant tout un acte de rupture avec l'académisme et les traditions qui le précèdent. La liberté est une notion centrale et elle se retrouve au cœur même du processus d'écriture (notamment dans les recherches formelles sur le vers libre). Si des courants antérieurs, comme le Parnasse, se réclamaient d'un art de la représentation, privilégiant par analogie la peinture, c'est le phénomène de suggestion qui se trouve au cœur de l'esthétique symboliste, et ce n'est plus la peinture qui est prise pour modèle mais