le syncretisme religieux
Selon le Robert, le syncrétisme religieux est une doctrine constituée d’emprunts philosophiques et religieux divers organisés pour former un tout cohérent1. Dans la terminologie habituelle de l’histoire des religions, le syncrétisme désigne la fusion de deux ou de plusieurs religions, de deux ou de plusieurs cultes en une seule formation religieuse ou culturelle. Dans le sens que nous lui donnons, le syncrétisme religieux signifierait, l’amalgame populaire des religions révélées et les usages de croyances et rites antérieurs. L’islam et le christianisme dont se réclament aujourd’hui des millions de Négro-africains, ne furent connus dans le continent noir que bien après le début de l’ère chrétienne (vers le XIIe siècle pour l’islam et vers le XVe siècle pour le christianisme). Ces deux religions alors toutes nouvelles, ayant bénéficié de l’appui de la puissance militaire de ceux qui les apportèrent, ne tardèrent pas à se répandre en Afrique, se substituant ainsi à la religion traditionnelle millénaire instituée jusque-là par les africains eux-mêmes. Il importe toutefois de souligner que le processus de substitution religieuse est particulièrement superficiel. En effet, aussi profonde que paraisse l’implantation de ces religions révélées, elles ne sont pas arrivées à bout du socle constitué par la religion traditionnelle. Celle-ci semble ressurgir du fond de l’inconscient ou elle fut reléguée, à chaque fois que l’Africain se sent terriblement en danger. Les écrivains africains ont presque tous exprimé cette réalité à travers leurs œuvres.
Dans Cercle des tropiques les populations des marigots du sud se composent de musulmans et de chrétiens fervents. Mais face à la folie des marchés interprétée comme la menace d’une malédiction imminente, ce sont tous les habitants sans distinction de religion qui recourent à la protection des fétiches. Un habitant de Porte Océane, pour protéger sa famille