Le taureau de bouki
1. Qui sont les précurseurs du romantisme ? Quels thèmes développent-ils ?
Les manifestations de la sensibilité ne sont bien sûr pas l'apanage d'une époque en particulier. Les trente dernières années du xviiie siècle sont cependant marquées par quelques phénomènes majeurs qui se situent à l'aube du romantisme. Ainsi, Jean-Jacques Rousseau se démarque-t-il sensiblement du mouvement des Lumières dont il est pourtant contemporain. Dans la dernière partie de sa vie, il se consacre essentiellement à une œuvre autobiographique au centre de laquelle il place le « moi », comme jamais on ne l'avait fait auparavant. « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'imitation n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. » (Rousseau, les Confessions)
De même, il célèbre la solitude de l'âme et offre une vision de la nature qui annonce les grands textes romantiques. « Les rives du lac de Bienne sont plus sauvages et romantiques que celles du lac de Genève, parce que les rochers et les bois y bordent l'eau de plus près [...] il y a aussi plus de verdure naturelle, plus de prairies, d'asiles ombragés de bocages, des contrastes plus fréquents et des accidents plus rapprochés. » , écrit-il dans les Rêveries du promeneur solitaire. Les prémices du romantisme apparaissent dans cette exaltation d'une nature sauvage, proche des origines, où la présence humaine est à peine perceptible
Associé à celui de la nature consolatrice, le thème de l'amour malheureux se développe également avec force, par exemple dans la nouvelle Héloïse (Rousseau, toujours) ou, à la même époque, dans les