Le théâtre, héritage de l'Antiquité, a été introduit en Europe dès le Moyen-Age et à immédiatement séduit. Son constant renouvellement, l'apparition de nouveaux genres tels que la farce et la tragi-comédie, en ont fait durant son apogée au XVIIème siècle, un art incontournable source de divertissement. En effet lui seul sait rassembler et émouvoir autour d'un même thème toutes les classes sociales sans distinction que ce soit la noblesse, la bourgeoisie ou le peuple. Art noble, la visée classique a fait du théâtre un art de la rhétorique formellement parfait, limitant de ce fait le théâtre à sa partie écrite, comme le dit si bien M. Arthaud (1896-1948) dans Le Théâtre et son double (1938) : « Pour nous, au théâtre, la Parole est tout et il n'y a pas de possibilité en dehors d'elle ». Bien que le théâtre occidental s'attache essentiellement à la seule perfection formelle et fasse du théâtre un théâtre de la Parole, de tout temps, et particulièrement de nos jours, des dramaturges ont voulu exploiter la totalité des possibilités qu'offre le théâtre en mettant l'accent sur la mise en scène indépendamment du texte.
La vision occidentale du théâtre se limite-t-elle à la simple élocution du texte qui exalte la perfection formelle, ou s'étend-t-elle aux multiples possibilités qu'offre la mise en scène de cet art aussi visuel ?
Après nous être intéressés aux caractéristiques qui font du théâtre essentiellement un théâtre de la Parole, nous étudierons la mise en scène, indissociable du théâtre (bien que parfois négligée).
Il est vrai que durant des siècles, particulièrement pendant l'Antiquité et le XVIIème en Europe, le théâtre a été une exaltation de la rhétorique. Il a essentiellement consisté à mettre en avant la parfaite maîtrise de l'art de la parole de l'auteur, le sujet n'étant qu'une occasion.
Ainsi la pièce Phèdre (1677) est un parfait exemple de la recherche de la perfection formelle que visaient tous les dramaturges classiques. Dans cette pièce, Jean Racine se