Le tiers monde
Entré dans le vocabulaire courant, le terme «tiers-monde», désignant l'ensemble des pays pauvres, à l'exclusion de tout élément de l'ancien bloc soviétique, s'est banalisé sous forme d'une image aux contours flous. Il s'accompagne de diverses notions - pays «sous-développés» ou «en voie de développement», «pays du Sud» -, souvent considérées comme synonymes.
Un débat sur le «tiers-mondisme», très vif en France à la fin des années 1980, portait sur l'existence même du tiers-monde, alors que nul ne niait qu'il existât des inégalités de développement.
Une vision politique du sous-développement
Face au problème que pose la définition du tiers-monde, parler de «pays du Sud», par un «géographisme» que dénonce Yves Lacoste, permet apparemment de ne pas prendre parti, mais est dénué de fondement: c'est oublier que la Nouvelle-Zélande, pays méridional s'il en est, est riche; c'est suggérer que la latitude, donc le climat, est un élément déterminant de la richesse ou de la pauvreté des nations. Il n'y a jamais de synonymie parfaite, et ces équivalences, approximatives, gênent la réflexion et enveniment des débats souvent passionnés. L'usage du singulier ou du pluriel n'est pas non plus indifférent: y a-t-il un tiers-monde ou des tiers-mondes, comme il y a des pays en voie de développement?
L'origine du terme
L'expression «tiers-monde» est née d'une heureuse formule du démographe Alfred Sauvy dans un article publié le 14 août 1952 par l'hebdomadaire l'Observateur, ancêtre du Nouvel Observateur, à la dernière phrase d'une chronique intitulée «Trois mondes, une planète». L'auteur évoquait l'existence de deux mondes, pays «occidentaux» et pays du «bloc communiste», entre lesquels sévissait une «guerre froide» pouvant se muer en conflit ouvert. Cette opposition tendait, selon lui, à nier l'existence d'un troisième monde, l'ensemble des pays sous-développés, d'ailleurs convoités par les deux blocs. Selon Sauvy, ce troisième monde avait des