Le topos du manuscrit trouvé
Mon idée est qu’il s’agit d’une préface qui veut légitimer le texte qui suit car au 18ième siècle, les romans occupent une position marginale dans la littérature. C'est-à-dire, c’est un mécanisme pour rendre la publication du texte possible, car le roman à cette époque avait besoin d’une telle préface pour se légitimer. Au 18ième siècle, c’était not done d’écrire un texte pour plaire parce que un texte qui n’instruit pas les gens, n’a pas le droit de citer. Ainsi, si Marivaux précise dans l'avertissement de La vie de Marianne que le manuscrit a été « réellement » trouvé (dans une improbable cachette dans un mur) par un ami à lui, c'est pour qu'on ne croit pas que cette histoire- été écrite pour amuser le public . Il y a donc dans ce truc une espèce de mauvaise foi ironique et joyeuse qui me plaît beaucoup. Le narrateur de La Vie de Marianne prévient son lecteur que le récit qu'il va lire a été découvert par hasard "dans une armoire pratiquée dans l'enfoncement d'un mur" : cette forme de récit dans le récit, cette mise en abîme, crée une forte impression de réalisme. Alors le recours au manuscrit trouvé est aussi utilisé ici comme une stratégie pour imposer le roman comme genre littéraire.
En plus, il veut montrer qu'il n'est pas responsable du texte qu'il présente, mais il en est seulement l'éditeur. Il explique aussi que le but de son édition est tout à fait didactique: il croit que la lecture pourrait être utile et enseigner quelque chose au public L’auteur confie la narration au protagoniste et présente l’histoire comme réellement arriver. De cette manière, l’auteur voulait se délivrer de reproches d’être trop extravagante. Autrement dit, l'auteur veut légitimer son ouvrage et l'insérer dans une catégorie textuelle bien définie: le roman.
L’auteur de la préface nie être l’auteur du texte, mais ce n’est pas vrai parce qu’il est l’auteur du texte. Quel est l’effet qu’il veut créer ?