Le torrent
Dépossédé du monde et de sa vie par le "décret d'une volonté antérieure à la [sienne]", François Perreault est soumis dès son jeune âge à une discipline stricte empreinte de rigorisme. Sa mère l'oblige à cultiver la crainte du châtiment divin, à n'utiliser la parole qu'exceptionnellement et à travailler jusqu'à épuisement sous peine de punition. Les enseignements que Francois tirera plus tard de certains événements lui permettront cependant de lutter contre cette domination. Aussi, refusera-t-il obstinément à l’âge de dix-sept ans d'entrer au séminaire pour "redorer [la] réputation" de sa mère. Elle le frappera alors à la tête avec un trousseau de clefs pour le punir, ce qui le rendra définitivement sourd.
Mais par ce coup, Claudine lui donne involontairement accès à l'"esprit du domaine". " Le domaine d'eau, de montagnes et d'antres bas ", dit Francois, " venait de poser sur moi sa touche souveraine ". Au centre du domaine et voisin de la maison, le torrent prit soudain pour lui une importance primordiale. La force du courant, ses remous incessants, le tumulte de la cataracte,