Le transfert en psychanalyse
Précisons d'emblée que le transfert est le moteur des psychothérapies psychanalytiques et de la psychanalyse, et analysé comme réalité.
Si pour Jung[1] et Lacan, le transfert est inhérent à toute relation humaine, Freud et ses successeurs insistent sur sa spécificité à l'intérieur de la cure : il est à la fois inévitable et indispensable, et le psychanalyste en est le catalyseur, il attire à lui tous les affects qui se libèrent et se projettent sur lui. Freud parle de névrose de transfert qui viendrait remplacer la névrose originelle. La cure ne créée pas le transfert, elle le démasque.
La cure créée les conditions du transfert. La demande du patient, selon Lacan, est infantile (une demande aux parents) et le cadre contribue à l'affaiblissement du moi : étendu/assis, parole / silence, être vu / ne pas voir… tout ceci permet aux processus primaires de supplanter les processus secondaires. Ainsi, dans le transfert, les désirs inconscients s'actualisent dans ce que Freud appelle un acting out, une mise en acte, permettant la répétition de représentations, d'affects, de prototypes infantiles. Les états antérieurs sont revécus et mis à jour grâce aux interprétations et prises de conscience qui les rendent alors caducs. Le transfert est une sorte de jeu de rôle où le psychanalyste assume tous les rôles : celui de la mère, du père du patient ou même d'objets d'amours partiels ou totaux précoces.
En projetant son refoulé, le patient qui en prend conscience, acquiert la faculté de contrôler la répétition et de s'ajuster à la réalité. Pour Freud il s'agit presque d'une rééducation.
Plus précisément, le patient projette son sur-moi sur le psychanalyste et s'en libère. Puis il s'identifie au sur-moi de ce dernier, moins rigide. Il y a échange de sur-moi et progression. Le moi faible se renforce grâce au nouveau sur-moi plus souple, plus adapté à la réalité.
Le transfert permet de retrouver une chronicité : des éléments psychiques son replacés