Le travail est-il le meilleur moyen de se connaître soi-même?
Le travail comme maîtrise de soi.
Le travail est avant tout une nécessité, une contrainte imposée par la nature, puis très vite cette contrainte sera sociale, imposée par les hommes. Le travail est servile dans son essence (c’est un moyen de survie et parfois même une marque d’esclavage) et pourtant il est l’acte humain par excellence puisqu’il permet une transformation intelligente de la nature, nous modelons le monde à notre image. Mais non seulement le travail humanise l’univers, mais il humanise le travailleur lui-même, lui fait prendre conscience de ses limites, mais aussi lui donne une certaine maîtrise de lui-même. Cette maîtrise lui ouvrira-t-elle une authentique connaissance de lui-même ?
Hegel au début du 19ème siècle avait réussi à exprimer l’ambivalence du travail en termes dialectiques, dans La phénoménologie du maître et de l’esclave, à travers la dialectique du maître et de l’esclave. Pour comprendre cette transformation qui conduit l’homme de la servilité à la maîtrise, Hegel utilise le modèle de l’esclavage antique. L’esclavage né d’un combat, d’un duel. Deux hommes luttent l’un contre l’autre et risquent leurs vies pour l’honneur. On est un homme si on est capable de risquer sa vie juste pour l’honneur, si on est capable d’avoir une certaine distance vis-à-vis de la nature et de sa nature, c'est-à-dire de dépasser l’instinct de conservation de soi. Lors du combat, l’un est plein de courage, supérieur à sa propre vie, l’autre va prendre peur, il se solidarise avec sa propre vie animale, il se soumet et choisit pour conserver sa vie de devenir l’esclave de l’autre, du latin « servus », c'est-à-dire « celui qui a été conservé ». Alors que le maître oublie les rigueurs du monde extérieur et s’en remet pour tout à son esclave, ce dernier lui va apprendre à connaître et à maîtriser la nature et à se maîtriser lui-même, en maîtrisant ses propres désirs. Il entre dans le principe de réalité.