Le travail
Le travail est une activité humaine qui se distingue sans doute de toutes les autres en cela qu’elle est l’objet d’appréciations, d’évaluations nombreuses et très contrastées : une calamité pour les uns, une bénédiction pour les autres. Pour quelles raisons? Lorsqu’on examine l’ensemble de ses évaluations, on peut remarquer qu’elles s’articulent toutes autour de trois oppositions majeures. D’abord, on peut reprocher au travail d’être une activité contraignante, à la fois parce qu’elle est nécessaire et parce qu’elle nous prive de temps, de liberté... Mais, à l’inverse, on le loue parce qu’il rend possible l’indépendance de l’homme à l’égard du milieu naturel, parce qu’il assure aux individus une indépendance financière et sociale, donc parce qu’il est libérateur. Alors, le travail est-il asservissant ou au contraire libérateur? Ensuite, on lui reproche aussi d’être une activité appauvrissante, répétitive, stressante, par laquelle celui qui travaille semble moins vivre par son travail que vivre pour effectuer un travail qui mutile son existence. Mais, à l’inverse, il est aussi désiré comme moyen d’acquérir des compétences, de se réaliser comme on le dit, comme moyen aussi d’avoir une vie sociale qui ne se borne pas à la sphère privée, celle de la famille. Alors, le travail est-il mutilant ou moyen d’accomplissement de soi? Enfin, pour les raisons évoquées plus haut, le travail semble d’une part être une activité qui n’apporte que des contrariétés, des désagréments, en somme une activité qui fait notre malheur et qu’on n’aurait pas tort de considérer comme un châtiment, mais d’autre part, il paraît aussi être la condition du bonheur de ceux qui ne le vivent ni comme asservissant, ni comme mutilant. Alors, le travail est-il cause de nos malheurs ou condition de notre bonheur?
Face à ces trois contradictions, la tentation est forte de répondre que cela dépend ou bien des cas, des types de travaux et de la situation historique ou