Le vieillard et les trois jeunes hommes
Cette fable de Jean de la Fontaine est la huitième du livre XI située dans le second recueil des fables, éditée pour la première fois en 1678. Sur un ton qui n’exclut pas le lyrisme, le fabuliste dévoile dans ce livre sa philosophie de l’existence : importance de l’amitié, nécessité de conserver son indépendance d’esprit, goût pour la réflexion, confiance dans la Providence.
Le titre de la fable met en relief un rapport de force déséquilibré et l’affrontement suggéré semble devoir se faire au détriment du plus fragile. Le thème de cette fable est la mort. C’est un texte argumentatif à registre tragique avec une touche d’ironie.
Nous allons étudier d’abord la composition de la fable, le fonctionnement narratif, puis la morale et la particularité de cette fable.
1- La composition de la fable
- Au vers 1 : une ouverture en octosyllabe qui présente une action simple et tranquille. Le point à la fin du vers installe le lecteur dans un univers serein.
- Au vers 2 ; une réaction brutale sous forme d’alexandrin. Le discours des jeunes gens est provoqué par un spectacle qu’ils jugent incongru (v1) ; première remarque des jouvenceaux formulée de manière impersonnelle (le vieillard est écarté de la conversation). Même effet au vers 4, l’emploi de « il » montre la complicité des jeunes hommes qui maintiennent le vieillard hors de la conversation.
- Au vers 3, le narrateur prend implicitement partie en faveur du vieillard en employant le terme « jouvenceau » qui s’oppose au terme « octogénaire ».
- Au vers 6 le terme « fruit » est compris par les jeunes hommes dans son sens le plus concret, le même terme est repris par le vieillard au vers 24, avec une connotation poétique. Au vers 6, 8 et 9 des questions rhétoriques sous-entendent que le vieillard est trop âgé pour pouvoir rien entreprendre.
- Au vers 10 et 11, la modalité injonctive (« ne songez qu’à »… « quittez ») souligne une impertinence de la part des jeunes pleine