Le voyage, grâce au décalage qu'il permet, est l'instrument indispensable à l'émancipation intellectuelle souhaitée par les lumières
Il a vu naître un vaste mouvement littéraire et culturel porteur d'idées nouvelles et prônant un développement individuel fondé sur l'apprentissage, en grande partie empirique, de l'usage de la raison.
Aussi a-t-on pu affirmer que le "voyage, grâce au décalage qu'il permet, est l'instrument indispensable à l'émancipation intellectuelle souhaitée par les Lumières."
Dans un premier temps, nous constaterons la pertinence de cette affirmation en nous intéressant au départ qui paraît, dans de nombreux textes des Lumières, nécessaire pour se libérer d'un contexte aliénant.
Dans un second temps, nous verrons que "l'exotisme" du voyage est propice à une remise en question salutaire.
Dans un dernier temps, nous nous interrogerons sur la vertu empirique du voyage qui mène, semble-t-il, à la création d'une sagesse nouvelle.
1) Départ = abandon d'un contexte aliénant
Tout d'abord, on constate que le voyage apparaît dans de nombreux textes fondateurs de l'idéologie des Lumières comme une libération.
A) Libération sociale
Prenons l'exemple de Candide qui se trouve toléré dans le château du baron de Thunder-Ten-Tronck mais qui ne jouit pas d'un statut reconnu. C'est un bâtard, faute de quartiers de noblesse du côté de son père : "Que cette demoiselle ne voulut jamais épouser". Il est donc élevé, instruit et inclus dans la micro-société, mais dès qu'il est susceptible d'épouser Mlle Cunégonde, il est chassé. Au delà du registre comique de la scène, on perçoit bien que le départ forcé de Candide aura le mérite de le placer dans une situation socialement moins aliénante : il perd ses avantages en nature mais quitte un monde sclérosé où il n'avait pas vraiment sa place, de tout façon.
Dans le même ordre d'idées, Arlequin, dans l'île des Esclaves de Marivaux se trouve libéré par départ forcé qui finit en naufrage : "je ne t'obéis plus, prends-y garde". Comme pour Candide, la départ