Le wooster grou$
Le Wooster Group est connu à travers le monde artistique grâce à son esthétique « d’assemblage et de récupération »1 , et Elizabeth Lecompte parle de ses œuvres en les qualifiant de « détritus culturels ». En effet, cette forme d’esthétique peut être analysée à travers plusieurs de leurs créations. Prenons pour exemple leur pièce House/Lights, qui date de 1998. Cette œuvre est élaborée à partir de deux histoires, L’opéra de Gertrude Stein, Doctor Faustus Lights the Lights,(où le dit Docteur Faust est devenu l’inventeur de l’ampoule électrique) et un film érotique, Olga’s House of Shame de Joseph Mawra ( mettant en scène un couple de femmes homosexuelles) . Le Wooster Group, en se chargeant déjà de raconter deux choses à la fois, installe un dispositif scénique grandiose : les corps des acteurs sont retransmis sur une multitude de moniteurs remplissant la scène. Des extraits du film de Joseph Mawra sont présentés sur des écrans vidéos ; les comédiens devaient copier les gestes des acteurs sur l’écran en se déplaçant en même temps qu’eux et en effectuant les mêmes gestes ; ils deviennent ainsi le jouet de l’image filmique (exemple : une actrice court sur place derrière un moniteur alors que l’écran présente en gros plan les jambes du personnage du film en train de courir). L’espace est rempli par les images des corps que l’on voit apparaitre devant nous, et les corps eux-mêmes se meuvent dans l’espace à la vitesse lumière. La scène est également occupée par une échelle, de grosses ampoules éteintes, de plantes, ce qui donne un espace que l’on pourrait qualifier de « surchargé ». En arrière scène, une barre lumineuse est posée au sol, ce qui donne la sensation d’un éclairage assez froid. Les gestes des acteurs sont transposés en direct sur les écrans et tantôt une voix off, tantôt un acteur parlant au micro nous joue la scène. Ainsi, le regard du spectateur est attiré inévitablement vers les moniteurs, et c’est lui le centre