Le xvii siècle
Le bon goût n'était sans doute pas plus répandu chez les contemporains de Périclès ou d'Auguste, dans la Florence des Médicis ou chez les sujets de Louis XIV qu'il ne l'est aujourd'hui. Nous n'ignorons pas que Sophocle, Euripide et Ménandre n'ont pas toujours, et loin de là, été couronnés sur la scène grecque et que les grands succès du XVIIe siècle ne sont pas allés à Racine ou à Molière. Les Pensées de Pascal ont été beaucoup moins remarquées que ses Provinciales, Bourdaloue a souvent été préféré à Bossuet, et Le Brun à Philippe de Champaigne. Pourtant, il reste vrai que les lettres et les arts du classicisme se sont adressés à un public relativement limité et qu'une certaine unité de goût et de culture prévalait au sein de ce public ; il était restreint en nombre ; les livres étaient tirés à un petit nombre d'exemplaires, quelques milliers tout au plus. Ce public était beaucoup moins aristocratique que nous ne l'imaginons parfois ; des deux termes unis par Boileau dans un vers célèbre, la cour et la ville, c'est le second qui comptait le plus. Bien peu d'aristocrates ont alors écrit ; bien moins encore ont peint ou composé de la musique. Il y avait à la cour nombre de roturiers anoblis. Les salons exerçaient plus d'influence que la cour et le parterre importait plus à Molière que les petits marquis. Comme dans le domaine politique, il y eut alors une rencontre implicite du roi et du peuple contre les grands. La bourgeoisie (parlementaires, fonctionnaires, financiers, mais aussi avocats, commerçants, gens d'affaires) constituait la partie du public qui accueillit avec sympathie les œuvres dites classiques. La phrase souvent mise en avant par Molière, La Fontaine et Racine, « plaire au public », était bien plus qu'une adroite formule de flatterie.
Mais on l'a souvent dit : derrière ce classicisme de la France et d'autres classicismes qui peuvent lui être comparés, il persista beaucoup de romantisme dompté (bien sûr, avant que le mot