Le yémen entre christianisme et judaisme
Jusque vers 300 après J.-C., l'Arabie méridionale compte de nombreux royaumes et principautés de taille très variable. Chacune des grandes vallées orientées vers le désert a donné naissance à un État. Dans les montagnes occidentales, le morcellement n'est pas moindre. Cette division politique n'est pas sans rapport avec la distribution des langues : quatre langues plus ou moins apparentées et assez proches de l'arabe et de l'éthiopien ancien (guèze) sont attestées dans les inscriptions. Cependant, on observe une certaine unité culturelle : partout l'écriture est la même, tout comme le répertoire iconographique, l'architecture ou les techniques. La constitution d'ensembles politiques toujours plus vastes reste cependant une tendance, qui s'observe dès les débuts de la civilisation sudarabique, au VIIIe siècle avant J.-C. Saba'impose sa suprématie pendant deux siècles (VIIe-VIe siècle), puis c'est le tour de Qatabân (Ve-Ier siècle), mais ni l'un ni l'autre de ces royaumes ne parvient à conquérir la totalité de l'Arabie méridionale. Le premier à le réussir, à la fin du IIIe siècle après J.-C., est Himyar. Désormais toute l'Arabie méridionale a le même souverain, utilise la même langue – du moins dans les inscriptions – et partage certaines institutions, comme le calendrier. Pour mieux asseoir son emprise, la dynastie himyarite s'efforce d'unifier religieusement le pays. Le monothéisme est dans l'air du temps. Le choix du christianisme présenterait l'inconvénient d'impliquer un