Le jeu de l'amour et du hasard, COMMENTAIRE COMPTE
ET DU HASARD
COMÉDIE en trois actes, en prose.
MARIVAUX
1730
Publié par Gwénola, Ernest et Paul Fièvre, Octobre 2015
- 1 -- 2 -LE JEU DE L'AMOUR
ET DU HASARD
COMÉDIE en trois actes, en prose. par M. de M...[arivaux]
M. DCC. XXX.
- 3 -ACTEURS
MONSIEUR ORGON.
MARIO.
SILVIA.
DORANTE.
LISETTE, femme de chambre de Silvia.
ARLEQUIN, valet de Dorante.
UN LAQUAIS.
La scène est à Paris.
- 4 -ACTE I
SCÈNE PREMIÈRE.
Silvia, Lisette.
SILVIA.
Mais encore …afficher plus de contenu…
MONSIEUR ORGON.
Que veut dire ce galimatias ? Une âme, un portrait : explique-toi donc, je n'y entends rien.
SILVIA.
C'est que j'entretenais Lisette du malheur d'une femme maltraitée par son mari ; je lui citais celle de Tersandre, que je trouvai l'autre jour fort abattue, parce que son mari venait de la quereller, et je faisais là-dessus mes réflexions. LISETTE.
Oui, nous parlions d'une physionomie qui va et qui vient
; nous disions qu'un mari porte un masque avec le monde, et une grimace avec sa femme.
MONSIEUR ORGON.
De tout cela, ma fille, je comprends que le mariage t'alarme, d'autant plus que tu ne connais point …afficher plus de contenu…
DORANTE.
Mon malheur est inconcevable, tu m'ôtes peut-être tout le repos de ma vie.
SILVIA.
Quelle fantaisie il s'est allé mettre dans l'esprit ! Il me fait de la peine : reviens à toi ; tu me parles, je te réponds, c'est beaucoup, c'est trop même, tu peux m'en croire, et si tu étais instruit, en vérité, tu serais content de moi, tu me trouverais d'une bonté sans exemple, d'une bonté que je blâmerais dans une autre. Je ne me la reproche pourtant pas, le fond de mon coeur me rassure, ce que je fais est louable, c'est par générosité que je te parle ; mais il ne faut pas que cela dure, ces générosités-là ne sont bonnes qu'en passant, et je ne suis pas faite pour me rassurer toujours sur l'innocence de mes intentions ; à la fin, cela