Le poison, charles baudelaire
Le poison
Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D’un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d’un portique fabuleux
Dans l’or de sa vapeur rouge,
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.
L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes,
Allonge l’illimité,
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l’âme au delà de sa capacité.
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle …afficher plus de contenu…
Mais ici, l'action du vin paraît bénéfique, puisqu'il nous fait passer de la boue à l'or, c'est-à-dire de la misère au luxe : cf. la structure antithétique (= qui se construit sur une opposition) de la strophe, dans laquelle on passe du « bouge » (un taudis) au « luxe miraculeux ». Pour bien insister sur les merveilles du vin, Baudelaire utilise des hyperboles (« le plus sordide bouge », afin d'accentuer sur l'adjectif péjoratif « sordide ») et l'oppose à l'adjectif mélioratif « miraculeux », « fabuleux » (qui riment), et au substantif « l'or ». Le vin embellit donc la réalité et transforme la misère en …afficher plus de contenu…
On retrouve le même processus dans l'opium de transformation du quotidien, si ce n'est qu'ici, on perçoit davantage d'ambiguïtés dans l'éloge. Le poète a bien conscience de la dangerosité du produit.
On retrouve donc tout d'abord des verbes d'action qui rendent compte de l'effet du poison sur celui qui l'utilise : cf relevé. Baudelaire accumule ces verbes d'action dans une énumération, il décline tous les effets, il fait preuve de plus de précision que dans la première strophe, comme si l'opium procurait davantage de sensations, ou disons une plus grande variété que l'alcool.
On sera attentif aux effets de l'opium : il ne crée pas d'images comme l'alcool, mais il crée