Le sacré est-il une notion d'exception ?
Magie, superstitions, interdits peuvent être rapportés à cette catégorie un peu "fourre-tout" et si peu explicite en elle-même que certains refusent de dire que, s'il existe indéniablement dans toutes les sociétés des êtres et des objets protégés par des interdits, ceux-ci formeraient pour autant un domaine nettement circonscrit qu'on peut appeler “le sacré”.En fait, il ne s'agirait là, entend-on dire parfois, que d'une notion composite, juxtaposant plusieurs notions distinctes (l'interdit, la puissance, le mystère) et qui n'aurait pas une signification et une portée identique dans toutes les langues. Pour Emile Benveniste, ainsi, le "sacré" grec (hagios) est une notion toute différente du sacer romain. A l'échelle des langues indo-européennes, affirme-t-il, il n'y a pas de préhistoire commune aux différentes appellations du sacré (Le …afficher plus de contenu…
A. Le pur et l’impur :En latin, étymologiquement, il y avait dans l'idée de sacré celle de séparation, c'est-à- dire tout à la fois celle d'une démarcation et celle d'une distinction. Sacer est dérivé du verbe latin sancire : délimiter, circonscrire. Toutefois, comme le remarque l'anthropologue Edward Evans-Pritchard, le sacré ne saurait être défini par sa stricte opposition