Lecture allégorique circé le chant des sirenes
Interprétations physiquesCircé, bien que fille du Soleil et d'une créature marine, n'a guère inspiré les commentateurs qui cherchaient dans Homère les secrets de la Nature et des quatre éléments. Son mythe n'apparaît pas comme cosmogonique.
En revanche, une scolie d'Eustathe (XIIe siècle) suggère que la présence à ses côtés des quatre nymphes qui s'occupent de baigner Ulysse pouvait être assimilée au calendrier : Circé serait l'année, et les nymphes les quatre saisons (1661, 1 sq).
Cela dit, si Circé a connu, et jusqu'à nos jours, une fortune absolument considérable, ce n'est évidemment pas à cette explication astronomique qu'elle le doit, mais au fait qu'elle permet de poser dans leur complexité un grand nombre des problèmes qui agitent la condition humaine.
Interprétations morales : l'intempérance
A/ La gloutonnerie
Au Ve siècle avant JC, les philosophes commencent à attribuer à Ulysse une attitude de tempérance qui s'oppose naturellement à celle de Circé et des compagnons changés en pourceaux. Antisthène (455-360 avant JC), le premier Cynique, donne le ton, probablement influencé par son maître Socrate, dont Xénophon nous a transmis la position sur ce point.
Xénophon (V.430-v.355 avant JC) - Mémorables (I, 3, 6-7)
Si par hasard [Socrate] était invité à dîner et qu'il consentît à s'y rendre, contrairement à la plupart des gens, qui ont la plus grande peine à se garder des excès de table, lui s'en gardait le plus facilement du monde, et à ceux qui étaient incapables de l'imiter, il conseillait de se garder de tout ce qui excite à manger quand on n'a pas faim et à boire quand on n'a pas soif ; car c'est cela, disait-il, qui ruine l'estomac, la tête et l'âme. Il disait en plaisantait que, selon lui, c'était en leur servant en abondance de pareils mets que Circé changeait les hommes en pourceaux et qui, si Ulysse avait échappé à la métamorphose, c'est parce que, averti par Hermès et tempérant par nature, il s'était abstenu de