Lecture analytique de la peste de a.camus
En quoi cet extrait témoigne-t-il de l'échec d'un héros, Bardamu, et de la faillite de l'Idéal ?
Cet échec s'impose dans deux déclarations du personnage : "J'avais pas réussi en définitive". (l. 11), "C'était raté !" (l.16) : L'ambiguïté de ces formules permet de les associer à l'échec du voyage autant qu'à l'échec de l'idéal.
I. L'échec personnel de Bardamu,
1. L'échec du voyage.
La fin du roman présente un personnage au bout de son voyage, qui tire de son expérience une conclusion négative. Alors que le mot est traditionnellement associé à l'idée de départ et d'aventure enrichissante, ici il est déconsidéré. En témoigne le mot trimbalage pour le désigner (l.4), mot qui évoque un transport brutal d'objet. Si Bardamu a connu autrefois l'appel du large, synonyme d'aventure, il n'a finalement, à travers ses différentes traversées vers l'Afrique et l'Amérique connu que la désillusion. Ces voyages l'ont confronté à des expériences désastreuses (le colonialisme, le travail à la chaîne...) et l'ont entretenu dans une illusion : celle qu'il pouvait échapper à lui-même . En fait, ce voyage n'était qu'une boucle : "je revenais sur moi-même" (l.4), parcours dans un labyrinthe comme le suggère une métaphore filée à travers plusieurs termes : "me perdre" (l.3), "le monde était refermé "! (l.5). L'échec de Bardamu est souligné par l'emploi du verbe" J'avais beau essayer" qui évoque des tentatives répétées. Le voyage n'est donc pas une ouverture mais une impasse.
2. L'échec de l'espoir.
Bardamu dénonce l'espoir d'un nouveau départ possible : "Faudrait pouvoir recommencer"( l.6-7). L'utilisation du mode conditionnel affirme l'impossibilité de repartir à zéro, donc de renouer avec l'espoir. Il associe cette impossibilité à une autre illusion : celle de retrouver une jeunesse enfuie : "C'est la jeunesse qu'on redemande comme ça sans en avoir l'air !" (l.8)