Lecture analytique Mme de Stael de l'influence des passions sur le bonheur de l'individu et des nations
Dans une première partie, nous analyserons en détail la construction argumentative, qui utilise des objections anticipées et réfutées,
Pour ensuite dans une seconde partie, voir comment cette construction appuie fortement la thèse essentielle de Mme de Staël qui est que les passions sont fondamentalement néfastes pour l'homme en société et doivent être combattues dans l’intérêt général.
Ce texte est avant tout remarquable par son utilisation à deux reprises d’une figure de rhétorique qui est le prolepse, c’est à dire une objection anticipée. Ces objections sont introduites par “On m’objectera que “ ou “On dira que …” et partiellement développées pour être ensuite assez rapidement et efficacement réfutées.
Il est ainsi d’une première objection, selon laquelle les passions ne seraient pas uniquement destructrices et néfastes mais bien au contraire à l’origine des belles et grandes réalisations humaines.
On voit tout d’abord une phase de concession dans laquelle l’auteur convient qu’”il y a quelque chose de grand dans les passions”, qu’elles motivent et donnent de l’élan. Puis vient la réfutation qui commence par une anaphore: une répétition des “Si”
• Si l'âme doit être considérée seulement comme une impulsion…
• S'il faut aux hommes sans passions l'intérêt d'un grand spectacle…
• s'ils veulent que les gladiateurs s'entre-détruisent…
… alors cela peut certes être efficace, mais cette anaphore introduit surtout une réfutation par caricature : la comparaison avec les jeux du cirque des gladiateurs romains, qui est une image forte des foules excitées par des passions vulgaires et violentes.
Vient ensuite une nouvelle anaphore : une répétition des « quel »
• quel bien en résultera-t-il …
• quel bonheur général … qui introduit l’argument final : l’inutilité d’une utilisation des passions pour motiver les foules, car « tout l'élan nécessaire à la vertu existerait sans ce mobile destructeur » qui achève d’anéantir la