Lecture analytique Une Partie de Campagne
Avant d’arriver à l’auberge particulièrement champêtre de Bezons, les Dufour passent successivement d’un paysage urbain à un autre intermédiaire. Paris, rejeté par les Parisiens, n’est désigné que par deux lieux : les Champs Elysées et la Porte Maillot. La description devient plus détaillée quand les personnages portent leur regard sur l’horizon de la proche banlieue. On peut l’interpréter ainsi : à l'horreur de la ville, de la culture, s'opposerait la beauté de la nature. Cette opposition serait aisément confirmée non seulement par l'incipit, mais aussi par la fin de la nouvelle, ou par la comparaison entre les corps désirables des canotiers et les « laideurs secrètes » du quincaillier parisien, M. Dufour.
Ensuite le paysage, décrit à la faveur des yoles (« elles donnaient envie de filer sur l’eau »...), est beaucoup moins assumé par l’œil des personnages. Cela peut correspondre à trois intentions : d’abord exprimer la vision poétique du narrateur, ensuite offrir une sorte de tableau atemporel, et enfin décliner le thème du désir repris explicitement à de nombreuses reprises. Ainsi à cette étape du texte, le paysage semble déborder la fiction proprement dite centrée sur les Dufour.
De plus, il s’avère diamétralement opposé au paysage de la banlieue dont le narrateur avait noté l’aspect peu attrayant pour démentir l’attendrissement précoce de Mme Dufour. Certains passages servent à prouver l’idiotie de la quincaillère, tout en permettant au narrateur de se donner à de la poésie. On peut également imaginer que son air extasié n’est là que pour tromper son mari.
On remarque également plus loin dans le texte que le paysage a un effet très fort sur Henriette ainsi que les canotiers, qui sont alors dans leur élément, alors qu’il est moins accessible aux autres personnages, trop lourds, trop disgracieux pour en apprécier toute la beauté et la valeur.
I) L'art du portrait des différents membres de la