Lecture analytique une charogne
Cette interpellation résonne aussi comme une capatatio benevolentiae du lecteur. L’expression « mon âme » peut être comprise comme l’expression d’une sorte de dédoublement du poète, parlant à une partie de lui-même, ce qu’il fait dans de nombreux poèmes. Cette interprétation peut s’ajouter à celle qui semble la plus évidente : c’est avant tout une formule désignant la femme aimée : l’un des clichés du romantisme. Baudelaire les emprunte pour mieux les mettre à distance. Le pronom personnel « nous » suggère bien la présence d’un couple quand le passé simple « vîmes » permet la bascule dans le passé. On retrouve des éléments du lyrisme romantique au vers 2 avec des adjectifs mélioratifs associés à la nature : « ce beau matin d’été si doux ». Le matin est un moment de sérénité, plein de promesses, l’été est une saison connotée positivement, laissant s’épanouir le sentiment …afficher plus de contenu…
Le groupe nominal « les jambes en l’air » poursuit l’analogie entre la charogne et la femme, entérinée par la comparaison explicite « comme une femme lubrique ». La position « jambes en l’air », n’est pas sans évoquer l’expression populaire « une partie de jambes en l’air » pour désigner avec frivolité l’acte sexuel, ce qui est confirmé par l’adjectif péjoratif « lubrique ». La sexualité est donc mise en relation avec la vue d’un cadavre selon le principe d’union de l’Eros (dieu de l’amour) et de Thanatos ( dieu de la mort), les deux pulsions étant tout à la fois contraires et complémentaires. Les deux fils conducteurs sont imbriqués dans la strophe car tout est à double entente :· « Brûlante et suant les poisons » : le participe présent utilisé comme adjectif « brûlante » connote l’ardeur amoureuse comme la brûlure du soleil porteuse de mort. Les poisons peuvent être interprétés au sens