« Danaé »
Les Fleurs du Mal, recueil publié en 1857 par Charles Baudelaire, occupe une place à part dans la poésie, c’est une œuvre au carrefour de nombreux courants, annonciatrice d’une certaine modernité. Les nombreuses éditions du recueil témoignent de sa postérité et de l’intérêt que le public accorde à cette poésie, et les différentes couvertures choisies proposent des clés de lecture de l’œuvre : quelles clés Danaé, de G.Klimt, nous offre-t-elle ?
C’est une femme qui est représentée, et il est vrai que la femme occupe une grande place dans le recueil, à travers les trois cycles : le cycle Jeanne Duval, le cycle de Mme Sabatier et le cycle de Marie d’Aubrun, autant de femmes qu’a connues le poète et qui lui ont inspiré des amours allant de l’amour sensuel et heureux à l’amour cruel.
La femme est représentée nue : la nudité a pu choquer, associée à l’érotisme (rappelons que le 1er titre du recueil était Les lesbiennes, en 1845), et c’est ce que l’on a reproché à Baudelaire dans les 6 poèmes qui ont dû être retirés de la 1ère version du recueil (censuré pour « outrage à la morale publique »), avant de paraître sous un autre titre : Les Epaves en 1866. Il s’agit des poèmes « Les Bijoux », « Le Léthé », « À celle qui est trop gaie », « Lesbos », « Femmes damnées » et «Les Métamorphoses du vampire », où certains vers renvoient au goût de la provocation de Baudelaire, à son attrait pour les images choc, qui lui permettent de secouer son « hypocrite lecteur », tel que le poète le désigne dans son poème liminaire.
La femme dort, repliée sur elle-même, dans une position fœtale : ceci fait écho au trajet biographique perceptible dans le recueil, trajet initiatique qui va de la naissance du poète - dans « Bénédiction » : L’Enfant déshérité s’enivre de soleil - à la mort- « la mort des amants », « la mort des pauvres », « la mort des artistes », cycle qui clôt le recueil.
Et l’attitude de Danaé nous conduit à imaginer les rêves ou pensées de la jeune femme, c’est