Lel lit 29 maupassant
Dans « Le Lit 29 », une des nouvelles de Boule de Suif et autres récits de guerre, la thématique du regard a une grande importance. Nous étudierons d’abord l’importance du regard des autres, puis la prédominance de la description physique dans la nouvelle et enfin, le langage des yeux.
Dans toute la nouvelle, le capitaine Épivent, personnage principal, attache une grande importance aux apparences, et à l’image qu’il renvoie. On observe en effet la récurrence du champ lexical du regard au fil de la nouvelle, comme par exemple « les commerçants […] lui jetaient […] un regard », « tout le monde avait les yeux sur lui », « tous les yeux le regardaient », le « dévisageaient ». De plus, le capitaine aime s’afficher en public. Il « paradait », « se pavanait » pour « montrer sa jambe […] sa moustache », surtout en compagnie d’Irma, avec qui « il promena […] cet amour ». Tous deux « se donnèrent en spectacle », et l’auteur compare cet amour qu’ils affichent à « un drapeau pris à l’ennemi ». En outre, afin impressionner les autres par sa prestance, il règle sa démarche « en tendant le jarret […] pour faire valoir […] le torse ». [Il faut tout de même noter l’ironie de la description du narrateur, qui se moque d’Epivent, en utilisant le terme "jarret" réservé en général aux animaux.] On remarque que même lorsqu’Irma est à l’hôpital, il se soucie encore de l’effet qu’il produit, ainsi, « il eut un grand chagrin dont il faisait parade ». C’est donc un personnage qui ne vit qu’à travers le regard des autres. Toutefois, lorsque les habitants apprennent qu’Irma est malade, atteinte de la syphilis, une maladie honteuse, le capitaine se trouve face à des regards moqueurs ; ainsi, la phrase « pliant sa haute taille pour se faire petit » s’oppose à « bombant sa poitrine pour se faire mince ». [Oui : opposition "pliant" vs "bombant" et "petit" (péjoratif ici) vs "mince (mélioratif). Expression de la déchéance du personnage à ses yeux