Leon l'africain
[...et quelques considérations sur la morale des papes]
1. Introduction
2. Léon l’Africain
3. La morale des papes
Léon l’Africain, c’est l’histoire —vraie— d’Hassan al-Wazzan, voyageur intrépide, découvreur insatiable, témoin des événements de son siècle. Comme toujours dans ses romans, Amin Maalouf brode le fil d’une histoire imaginaire autour d’un personnage et d’événements bien réels.
Hassan al-Wazzan, connu sous le nom de « Léon l’Africain » en Occident, est un personnage peu commun. Né à Grenade en décembre 1488, l’homme est en effet spectateur de bien des grands événements qui ont marqué son monde. Son époque est celle des grands bouleversements : c’est la fin du Moyen-âge et le début de la Renaissance. L’islam se déplace à l’est : la chute de Grenade et la fin des derniers royaumes musulmans en Andalousie marque la victoire de la reconquista catholique et la fin de l’influence islamique en Europe occidentale. Mais les Turcs viennent de prendre Constantinople, mettant fin au dernier Empire romain, et déjà un nouvel Empire, puissant, immense et destructeur, porte la bannière de l’islam : l’Empire ottoman, gouverné par des sultans au pouvoir illimité.
A l’ouest, Charles de Habsbourg, dit Charles Quint, gouverne la Castille, l’Aragon, la Bavière, l’Autriche et une partie de l’Italie: c’est le grand royaume chrétien des temps d’alors ; pris entre ces deux feux, l’influence des papes décline et leur autorité s’amenuise. Partout, la réforme protestante gagne du terrain, et l’intraitable Luther sème la discorde dans les nations chrétiennes : les 95 thèses de la Réforme, placardées sur le château de Wittenberg, sonnent le glas de l’Europe unie sous la bannière papale. Bientôt, Rome est menacée : Léon l’Africain sera témoin de son saccage, en 1527, par les soudards luthériens de Charles Quint, les terribles lansquenets.
C’est le temps des grands empires, l’apogée des puissances gouvernées par