Les accords de Grenelle ll est généralement admis que les événements de mai 68 ont connu trois phases successives : la crise étudiante, la crise sociale et la crise politique. Il est intéressant de réfléchir sur les transitions de ces glissements. Du 2 aux 13 mai, la contestation est essentiellement étudiante. Les syndicats ouvriers (CGT, CFDT) déclenchent une grève générale et appellent à rejoindre les étudiants qui manifestent depuis le début du mois. Une foule de 800 000 personnes (170 000 selon la police) envahit les rues de Paris aux cris de "10 ans, ça suffit !", en allusion au dixième anniversaire du retour au pouvoir de De Gaulle. Les manifestants dénoncent aussi la société de consommation et le chômage inhérent au régime capitaliste. Jusqu'au 25, les grèves, les occupations d'usines et les manifestations iront crescendo. C'est ainsi, le général De Gaulle étant en Roumanie, que le premier ministre Georges Pompidou décide d'en terminer avec ces troubles sociaux qui déstabilisent et risquent de paralyser le pays. Il convoque au ministère du travail et des Affaires sociales, hôtel du Châtelet , rue de Grenelle, les membres du gouvernement touchés au premier chef par cette crise et les partenaires sociaux dans le but de mettre à plat une fois pour toutes les conditions de la reprise de travail et d'y répondre favorablement. Tout doit être mis de son côté pour un retour au plus vite à la normale. La CGT, et son secrétaire général Georges Séguy, comme le gouvernement, sont pressés de voir le calme revenir, si bien qu'ils misent sur un traitement classique du conflit en réclamant de nouveaux droits syndicaux et des augmentations de salaires. La CFDT pour sa part souhaite une transformation des structures et des conditions de travail dans les entreprises. Le texte étudié est un extrait de ce « protocole de Grenelle » du livre de Jean-Daniel Reynaud : les syndicats en France. Jean-Daniel Reynaud est un auteur contemporain né en 1926, normalien et agrégé en