Les acquis et les limites de l'analyse stratégique.
INTRODUCTION
Dans la littŽrature francophone, la sociologie des organisations est dominŽe par le paradigme de l'analyse stratŽgique dŽveloppŽ par Crozier et Friedberg, au point que l'une et l'autre en viennent parfois ˆ se confondre. Toute rŽflexion sur le phŽnom•ne organisationnel doit donc se positionner par rapport ˆ cette thŽorie majeure. L'idŽe fondatrice de l'analyse stratŽgique, et la raison probable de son succ•s, fut de repenser l'organisation comme un champ politique structurŽ par des relations de pouvoir entre ses principaux acteurs. L'importation de la sociologie politique au cÏur de l'analyse organisationnelle s'est rŽvŽlŽe d'une fŽconditŽ heuristique exceptionnelle. En dŽpassant la vision techniciste jusque-lˆ prŽdominante, l'analyse stratŽgique met en Žvidence la nature des relations de pouvoir qui structurent l'organisation. Les comportements des acteurs s'analysent dŽsormais sous la forme de stratŽgies personnelles visant ˆ garantir une position de pouvoir ou au contraire ˆ se prŽmunir du pouvoir des autres acteurs. L'ensemble de ses stratŽgies s'agr•gent pour constituer un syst•me d'action concret qui devient l'espace sociologique d'Žtude indŽpendamment des fronti•res formelles de l'entreprise. En modifiant profondŽment notre perception de l'entreprise, l'analyse stratŽgique se rŽv•le un paradigme incontournable dans l'Žtude des organisations. La notion de pouvoir est donc tout ˆ fait centrale dans cette perspective. Nous montrerons comment la typologie des ressources dressŽes par Crozier et Friedberg est ˆ m•me de rendre compte des principales relations prŽsentes dans une organisation. L'expertise, le rŽseau, l'information et les r•gles offrent une multitude de jeux possibles qui positionnent les acteurs dans des relations de pouvoir rŽciproques. Une telle typologie sera toujours limitŽe car les ressources de pouvoir sont innombrables. Nous montrerons donc ˆ titre d'exemple