Les argonautes du pacifique
Le texte publié ici est paru pour la première fois dans Bulletin SEDEIS, numéro 905, Supplément numéro 1, 20 décembre 1964. Il a été repris récemment dans Cahiers Jacques ELLUL, pour une critique de la société technicienne, La technique, numéro 2, mars 2004. Les références de l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme de Max Weber auxquelles nous renvoie Jacques Ellul sont celles de l’édition Plon « Recherche en Sciences humaines » traduit de l’allemand par J.Chavy, Paris 1963, 322 p. La première édition allemande date de 1905. Les références entre crochets nous reportent à l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme de Max Weber, texte intégral, éditions Plon, collection AGORA, première édition 1964, deuxième édition corrigée 1967. Nous remercions Dominique Ellul de nous avoir permis de reprendre le texte de son père dans cette publication.
Max Weber, l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme
I
Le capitalisme moderne, différent de ce que l’on appelle souvent ainsi dans d’autres civilisations, se caractérise d’abord par une recherche rationnelle du profit. Il suppose donc un calcul effectué en capital. Toutes les opérations sont estimées en argent et font l’objet de comparaisons quant aux résultats en argent. Un second caractère du capitalisme est l’organisation rationnelle du travail libre. Ainsi le calcul exact que doit faire le capitalisme est l’organisation rationnelle du travail libre. Pour arriver à l’organisation capitalistique, il fallait bien entendu réaliser des progrès techniques, une certaine conception du droit, un certain type d’administration. Donc Weber n’isole nullement un caractère ou un facteur. On se trouve en présence dès l’abord d’une analyse rapide de la multiplicité des facteurs, mais à ses yeux, l’un des plus décisifs est la rationalité, avec son aspect concret de rationalisation. Les structures matérielles n’ont été que la conséquence d’un nouvel état d’esprit. L’Etat d’esprit capitaliste se