Les aveugles
Il inscrit ses débordements prosaïques dans son ambition de se faire « peintre de la vie moderne ».
Le poème « Les Aveugles » se présente tout d'abord sous la forme du sonnet à la française, c'est-à-dire composé de 14 vers répartis en deux quatrains puis deux tercets. Cependant, on s'aperçoit très vite que le poème ne répond pas aux exigences de ce sonnet français. En effet, si l'alternance entre rimes masculines et rimes féminines est parfaitement respectée, le schéma de rimes s'éloigne toutefois de manière importante du schéma canonique (a/b/b/a – a/b/b/a – c/c/d – e/e/d). Tout d'abord, les rimes embrassées des quatrains sont différentes d'une strophe à l'autre – on notera ce changement en différenciant a) « – reux » de a') « – tie » et b) « – ules » de b') « – vés ». Quant aux deux tercets typographiques, ils se découpent bien de ma¬nière structurale ou rimique en un distique suivi d'un quatrain de rimes embrassées ; cepen¬dant, la rime centrale du quatrain emprunte sa section rimante à la rime précédente, celle du disti¬que – on différenciera tout de même c) « – ité » de c') « – té ». Baudelaire répète donc presque le même jeu de rimes dans les deux tercets, d'autant plus que la paro¬nomase aux vers 10 et 12 (« Ô cité »/« atrocité ») fait que la rime est plus riche entre ces deux vers qu'entre les vers 9 et 10 (« illimité »/« cité ») et les vers 12 et 13 (« atrocité »/« hébété »). Ainsi, là où les jeux de rimes doivent se répéter, ils s'opposent, là où ils doivent s'opposer, se