Les Bonnes de Jean Genet
« Tu sens approcherl’instant où tu quittes ton rôle » (p. 26). Plus tard encore, Solange quittera le personnage de Claire : « car Solange vous emmerde » et Claire la rappellera à l’ordre : « Claire, Solange, Claire ! » (p.29), et peu avant la sonnerie, Solange affirme : « je connais la tirade » (p. 31). Le mot tirade peut être pris à double sens. Au sens figuré, il souligne le caractère répétitif et prévisible desreproches que Claire adresse à Solange. Pris au sens propre, il désigne la théâtralité de la situation, le fait que les bonnes sont en représentation. Ainsi le lecteur attentif peut deviner avant même lasonnerie du réveil que cette scène est un jeu entre les soeurs. Néanmoins, ce théâtre dans le théâtre apparaît tout autant un cérémonial qu’un jeu par la gravité et l’intensité de l’échange entre lespersonnages. Il y a également l’habillage ritualisé, la présence des fleurs, de trop de fleurs, la langue poétique et le réveil même qui masque clairement la fin d’une cérémonie rituelle puisquelimitée dans un temps précis.
2. Toute la scène de la mort de Claire renoue avec le jeu des Bonnes à partir de la page 96, lorsque Solange s’adresse à Claire en la vouvoyant et en lui faisant endosser... [à