Les bons chiens - baudelaire
Dans le dernier poème en prose du Spleen de Paris («Les bons chiens»), Baudelaire entonne l'éloge paradoxal, non de l'homme raisonnable et de ses exploits, mais des chiens crottés qui trottinent sur les trottoirs des villes dans l'indifférence du public, des chiens perdus abandonnés de leur maître («Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque, le chien dont l'instinct, comme celui du pauvre, du bohémien et de l'histrion, est merveilleusement aiguillonné par la nécessité, cette si bonne mère, cette vraie patronne des intelligences!», 307). Image dérisoire sans doute du poète qui se meurt dans la solitude de la grande ville, mais plus encore manifeste pour un nouvel art poétique qui entend faire naître la beauté des ordures qui jonchent le trottoir des cités modernes : «Arrière la muse académique! Je n'ai que faire de cette vieille bégueule. J'invoque la muse familière, la citadine, la vivante, pour qu'elle