Les caprices de mariannes.
(I,1 : “ Et n’est-ce pas un suicide… sur sa jalousie ”)
1) Une composition en diptyque :
Le portrait d’Octave répond à celui que Cœlio a déjà esquissé dans son monologue (“ Malheur à celui… ”) et surtout à celui qui va suivre. Après une série de répliques en parallélismes qui soulignent à quel point les deux personnages se ressemblent mais s’opposent, les deux portraits se présentent comme deux volets complémentaires.
La structure même du texte présente Octave et Cœlio comme un personnage et son reflet : le chiasme “ Que tu es heureux d’être fou ! — Que tu es fou de ne pas être heureux ! ” suggère l’inversion des traits par un miroir. C’est précisément la première image employée par Cœlio : “ … un m iroir où tous les objets se peignent un instant et sur lequel tout glisse ” ; ce qui manque à Cœlio c’est d’être semblable à son reflet insouciant, à Octave.
Les deux portraits contrastent aussi par leur tonalité respective : le portrait d’Octave est presque tout entier à la 3e personne, les élans lyriques du JE en sont totalement exclus ; les images et les métaphores utilisées appartiennent au domaine du fantastique (vieilles petites figures racornies, maigres et pâles fantômes, toute une légion de monstres, une nuée de prédictions sinistres l’aveugle de ses ailes noires). le portrait de Cœlio est au contraire lyrique, envahi par le JE du personnage ; présence d’hyperboles (“ Une dette pour moi est un remords. L’amour… trouble ma vie entière ”).
2) Deux portraits complémentaires :
Les deux personnages reposent sur l’opposition traditionnelle dans la commedia dell’arte d’Arlequin (Octave, déguisé pour le Carnaval, porte la batte d’Arlequin) et de Pierrot (type de l'amoureux timide, triste et lunaire). De fait Octave se décrit comme un soleil qui, entouré de personnages nocturnes et inquiétants symbolisant les bassesses de la société, “ continue sa course légère de l’orient à l’occident ”. En revanche quand il parle de lui, Cœlio