Les châtiments
Ø Ce poème met en œuvre un genre que Victor Hugo pratique rarement : la fable ( c’est en effet le seul exemple de fable présent dans la première édition du recueil ; dans l’édition de 1870, Hugo en ajoutera une autre : « Les Trois chevaux », VI, 16 ).
Conformément au genre de la fable, Victor Hugo met ici en scène des animaux, qui symbolisent chacun un caractère humain, traditionnellement convenu et stéréotypé. Tout en s’inspirant des Fables de la Fontaine, il donne à ce poème une dimension polémique que n’avaient par les textes du fabuliste du XVIIe siècle : contrairement à ce dernier, Hugo ne cherche pas ici à illustrer un précepte, mais à déstabiliser un adversaire particulier. En comparant Louis-Napoléon à un singe, il montre une nouvelle fois ( après « Nox » III 1 et 2 ) que ce dernier n’est qu’une caricature de Napoléon Ier.
I- Les éléments de la fable
Par l’intrigue qu’il met en scène, par son style et sa composition, ce poème fait de multiples emprunts aux Fables de La Fontaine.
A- L’intrigue
Pour brosser ce portrait satirique, Hugo reprend l’intrigue d’une Fable de la Fontaine : « L’âne vêtu de la peau du lion » (V, 21), qui commence par ces quatre premiers vers :
« De la peau du lion l'âne s'étant vêtu, Était craint partout à la ronde; Et bien qu'animal sans vertu, Il faisait trembler tout le monde. »
Au personnage de l’âne, il substitue le singe, animal également familier de la Fontaine ( il apparaît à 7 reprises dans un titre de fable, notamment en compagnie d’un léopard qui vante sa propre peau IX, 3), tandis qu’il remplace la peau du lion par celle du tigre. Cet animal, en revanche, peu utilisé par la Fontaine, joue, quand il est présent ( par exemple, dans les « Animaux malades de la peste », VII 1 ), le rôle secondaire d’un courtisan, certes de haut rang, mais sujet, parmi d’autres, du roi Lion :
« On osa trop