Isidore Ducasse nait et grandit en Uruguay. Après un début d'éducation chez les Jésuites, il vient en France en 1859 à l'âge de13 ans pour poursuivre ses études au Lycée impérial de Tarbes. Il repart pour l'Amérique Latine après son baccalauréat et c'est à son retour en France fin 1867 qu'il commence la rédaction des Chants de Maldoror, dont le premier Chant est publié seul un an plus tard, puis l'oeuvre complète en 1869, sous le pseudonyme de Comte de Lautréamont. Il est également l'auteur des Poésies, I et II, qui paraitront l'année de sa mort, en 1870, alors qu'il avait 24 ans. Les Chants de Maldoror sont une épopée en prose, quoique le genre reste assez indéfinissable, mettant en scène un homme dérangé, violent et cruel, Maldoror, dont la haine de Dieu n'a d'égal que celle qu'il entretient pour les hommes. L'oeuvre se compose de 6 Chants, succession d'épisodes où Maldoror, en marge de l'humanité, fait l'épreuve de sa cruauté, il assassine, corrompt et profane toutes les valeurs reçues. Mais ce déploiement de sauvagerie n'est pas gratuit, Maldoror est le détenteur d'un secret, il se donne pour mission, je cite : "d'attaquer l'homme et celui qui le créa". Il n'hésite pas à recourrir pour cela à des images monstrueuses, provocantes, d'une extrême violence, même si certains passages sont parfois des échappées vers quelque chose de meilleur, comme son éloge à l'Océan où aux mathématiques, ou sa description de l'Hermaphrodite et de l'Ange. Si les strophes ne se suivent pas directement, elles ont en commun la récurrence de nombreux thèmes et se font écho les unes aux autres : les transformations monstrueuses, le meurtre de jeunes adolescents, le monde marin et animalier, la provocation divine, le dégout pour ses semblables et les accès de fureur. C'est justement dans un de ces accès de fureur qu'est arrivé l'évènement relaté par Maldoror dans l'extrait que nous allons étudier, la huitième