Les chants du maldoror
Lautréamont s'empare de la poésie en prose dans cet extrait des Chants de Maldoror, la ponctuant d'une touche de lyrisme, pour dresser un portrait des plus sombres et avilissant de Dieu, qui, comme nous le verrons en toute fin, peut être également vu comme la figure du poète.
J'ai divisé l'extrait en plusieurs parties : une première qui va jusqu'à « squale », la suivante jusqu'au mot « orgie », la troisième s'arrête à « inanimé » et la dernière comprend la fin de l'extrait.
Pour commencer, l'auteur dépeint un monde harmonieux et bienheureux, utilisant des images classique, telles que le printemps et les gazouillements des oiseaux. On peut toutefois déjà noter une première singularité : alors que les humains sont « rendus à leurs différents devoirs », c'est-à-dire qu'ils sont là où leurs devoirs les appellent, ils baignent dans « la sainteté de la fatigue ». L'ironie est donc présente dès le début du texte.
La deuxième partie est constituée de la description de Dieu. Elle est bien loin de toutes celles auxquelles nous pouvons être habitués : blasphématoire au possible, c'est un Dieu soûl qui nous est présenté, à force de gradation et d'hyperbole (« Il était soûl ! Horriblement soûl ! Soûl comme une punaise qui a mâché pendant la nuit trois tonneaux de sang ! »). C'est une sorte d'anti-caricature de Dieu, reprenant des éléments typique de la divinité mais en les déformant, par exemple dans ce poème pour Dieu qu'on demande pitié et non pas l'inverse. Le plus frappant est le fait qu'en même temps que le sang coule du vin se déverse, vin dont lequel Dieu a abusé et qui représente son propre sang dans la culture chrétienne. Tout ce qui fait que Dieu est Dieu semble ainsi se dévider. Il est l'objet de comparaisons qui exacerbent le ridicule, telles que « faible comme le ver de terre ».
Dans la partie qui suit, des animaux viennent tour à tour devant Dieu étendu à terre. Les quatre premiers attaquent Dieu