les civilisations selon Samuel Huntington
1-présentation de l’œuvre :
Professeur à l’Université Harvard, Samuel P. Huntington n’est peut-être pas le premier à avoir entrevu un choc des civilisations dans le monde. Cependant, son livre The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order paru en 1996 et développant une thèse qu’il avait déjà exprimée en 1993 dans un article paru dans la revue Foreign Affairs, est devenu une référence obligée depuis le 11 septembre 2001. Beaucoup d’intellectuels et de politiciens se sont défendus de voir dans les attentats contre le World Trade Center et dans la réplique américaine en Afghanistan le début d’un choc larvé entre l’Occident et l’Islam, par crainte d’accréditer les thèses de Huntington. Quoi qu’il en soit, qu’on les endosse ou qu’on les écarte, elles valent la peine d’être connues et discutées. Les francophones peuvent lire la traduction du livre de Huntington chez Odile Jacob 1.
En substance, Huntington prétend que depuis la fin de la guerre froide, ce sont les identités et la culture qui engendrent les conflits et les alliances entre les États, et non les idéologies politiques ou l’opposition Nord-Sud. Le monde a ainsi tendance à se diviser en civilisations qui englobent plusieurs États. Il n’y a donc pas de coïncidence entre État et civilisation. Pour Huntington, la civilisation représente l’entité culturelle la plus large. Elle « est le mode le plus élevé de regroupement et le niveau le plus haut d’identité culturelle dont les humains ont besoin pour se distinguer des autres espèces. Elle se définit à la fois par des éléments objectifs, comme la langue, l’histoire, la religion, les coutumes, les institutions, et par des éléments subjectifs d’auto-identification. » 2 Selon Huntington, sept à huit civilisations se partagent le monde, quoiqu’il n’en nomme que cinq, la chinoise, la japonaise, l’hindoue, la musulmane et l’occidentale. Il ne voit pas l’Afrique comme une civilisation en soi