Les classes moyennes a la dérive
La société française va mal, elle ressent un malaise certain. Les signes extérieurs de ce mal -être sont nombreux et médiatisés à outrance : mobilisation contre le CPE, mouvement « Génération précaire » et des jeunes chercheurs, le non à la constitution européenne, la montée des extrêmes etc.… Louis Chauvel entreprend dans son œuvre de nous donner une explication à la crise actuelle de la société française : selon lui, les racines du problème sont à chercher dans les classes moyennes, pierre angulaire de la société. Le malaise social n’est en effet pas lié directement à la situation économique maussade que subit la France comme il est souvent affirmé mais à la crise identitaire des classes moyennes dont le rôle fondamental apparu au cours de son émergence pendant la période des 30 glorieuses est en train de s’évanouir. De classe du progrès et de l’homogénéisation, les classes moyennes sont devenues une classe « anxieuse ». Les générations suivants les premiers nés du baby boom doivent faire face à une situation sans cesse moins favorable.
La société française subit actuellement un changement interne. La rupture s’est effectuée précisément en 1983, année du « tournant de la vigueur ». Depuis, bien que selon l’INSEE, il n’existe pas de croissance des inégalités économiques, ces dernières sont de plus en plus quotidiennement ressenties par les individus. « Le marasme des uns est l’abondance des autres ». Paradoxalement, elles sont devenues de plus en plus « aléatoires » (désinstitutionalisation des inégalités) mais aussi très « prévisibles » dans le sens où les relations familiales et le capital des parents ayant bénéficiés eux de la croissance des 30 glorieuses sont déterminants pour la position économique et sociale de l’individu : « l’argent va à l’argent ». Le principe de méritocratie et ainsi la valeur travail et de l’effort grâce auxquels l’ascenseur social a été permise sont remis