Les_Colchiques
APOLLINAIRE, « Les Colchiques »
Introduction
sur Apollinaire : voir la présentation faite en introduction de la lecture analytique du début de
« Zone ». Rappeler qu’Alcools, recueil paru en 1913, rassemble des poèmes écrits entre 1898 et
1912.
« Les Colchiques », comme les « Rhénanes » et « La Chanson du mal-aimé » par exemple, est un poème inspiré par le souvenir douloureux d’Annie Playden, jeune gouvernante anglaise dont
Apollinaire tombe éperdument amoureux dès sa rencontre en 1901 mais qui le repoussera.
Le titre place d’emblée le poème sous le signe de l’automne - motif récurrent du recueil -, une saison au charme ambigu, à la fois saison de mort et de beauté (cf. « Automne malade »), à l’image du poème tout entier.
Projet de lecture retenu : En quoi ce poème est-il ambigu ?
I.UN POEME QUI REPOSE SUR UN MOTIF AMBIGU : CELUI DE LA FEMME FLEUR
* Commencer par rappeler que la femme fleur est un motif traditionnel de la poésie amoureuse. Cf. la comparaison de la femme aimée avec la rose chez Ronsard, symbole du caractère éphémère de la jeunesse (et plus largement de la fragilité de la vie humaine), du bonheur et de la beauté féminine.
* Ici, la fleur évoquée par Apollinaire est celle du colchique, une plante d’automne vénéneuse à fleurs violettes qui tire son nom de sa provenance mythique, la Colchide, pays de Médée, la magicienne empoisonneuse et infanticide, héroïne de tragédies (Euripide, Sénèque, Anouilh…). Une fleur au charme noir, donc, qui renvoie ici à celui de la femme aimée. Le poème est en effet construit sur une analogie entre les colchiques et les yeux de la femme, tour à tour comparant et comparé. L’image, réversible tout au long du texte, est fondée sur la couleur et l’empoisonnement :
- « Le colchique couleur de cerne et de lilas » v.4 : les yeux, auxquels renvoie le nom « cerne », sont ici le comparant et la fleur – comparée elle-même à la fleur du lilas pour sa couleur – le comparé.
Noter que le mot «