Les combattants
Pendant la première Guerre mondiale, 70 millions de soldats sont mobilisés ; l’ampleur de cette mobilisation recouvre forcément une grande diversité des « vécus de guerre » ; cette prise de conscience a permis un développement d’une histoire culturelle de la Grande Guerre. Ainsi les historiens se sont interrogés sur les expériences de guerre, cela les a conduit à explorer une double césure qu’impose la violence du combat : le consentement aux gestes de tuer et l’exposition à un danger vital quasi permanent.
Comment les armées ont pu maintenir aussi longtemps leur cohésion interne et leur capacité de combat, en dépit de l’ampleur des sacrifices exigés des individus ?
Pourquoi les hommes et les groupes de combattants souscrivent-ils à la mise en œuvre d’une violence qui prend une forme paroxysmique ?
Pourquoi continuent-ils à combattre alors que les risques d’être tué ou blessé sont élevés ?
Pourquoi les refus demeurent-ils marginaux ?
Les travaux récents ont accordé une grande place à l’histoire du combat et au déploiement sur le champ de bataille d’une violence radicalisée, décisive dans le processus de « totalisation » du conflit.
La violence du champ de bataille :La radicalisation de l’activité guerrière est au cœur de l’expérience de guerre des combattants de toutes les armées engagées dans le conflit. Le niveau des pertes est le 1er marqueur de cette mutation : 8.5 millions de tués et de disparus. Ce chiffre insensé mérite quelques déclinaisons : la Serbie perd 37% de ses mobilisés ; la France : 16.8% ; l’Allemagne : 15.4%. Les recensements révèlent une réduction de 35 à 37% de l’effectif des cohortes nés entre 1892 et 1895.Les journées de combats sont très longues et se soldent par des pertes très lourdes :
- 27 000 morts français le 22 août 1914.
- 20 000 morts britanniques le 1er juillet 1916 lors des offensives de Sarrebourg et de Morhange.
- En ramenant le nombre total de