Les communités de prêtres dans la france du xvii siecle
Les communautés de prêtres dans la France du XVIIIème siècle : un clergé en dehors de la norme ?1
Introduction
Dira-t-on encore que les curés et les vicaires qui servent les paroisses méritent par la des égards, et que les communalistes qui n’ont que leur office a chanter, et qui sont des gens inutiles a l’Églize sont indignes d’aucune considération et d’aucun ménagement ? mais il faudrait en dire autant de tous les chanoines, et a supposer que les communalistes sont inutiles a l’Églize.2
Un seul mot semble devoir caractériser la fonction du prêtre au XVIIIème siècle, est-il « utile »? Le terme s’entend de deux façons. Tout d’abord, il s’agit de l’utilité sociale. Le prêtre, qui prend le plus souvent les traits du curé de campagne, est un homme « éclairé », un homme du savoir. En effet, le clerc « utile » est tout particulièrement celui qui a en charge une paroisse. Il s’agit du curé, chargé de la cura animarum. Formé au séminaire, possédant une bibliothèque, il est à même de porter secours à ses contemporains, par exemple en leur faisant part des derniers progrès en matière d’agronomie. Le prêtre est aussi, et de plus en plus, un agent de l’ordre public, un fidèle relais de l’intendant ou de son subdélégué. Au fil du temps, les considérations du « monde » finissent par gagner l’Église elle-même. La citation qui ouvre l’introduction est extraite d’un mémoire de l’année 1761. Les auteurs en sont les communalistes d’Arlanc en Livradois, dans le diocèse de Clermont3. Les termes et le ton utilisés montrent combien les prêtres sont pleinement conscients du débat. Dans ce contexte, si l’on pose la question de savoir si les sociétés de prêtres constituent un clergé en dehors de la norme, on doit avoir à l’esprit que cette dernière est alors elle-même en pleine mutation. Le tridentisme tout puissant cède peu à peu du terrain face à « l’utilitarisme » des Lumières. Aussi, on pourra s’interroger sur les critères qui contribuent à la définition de la norme. Sont-ils